mercredi 30 juillet 2008

Belgrade - Serbie

Hier, en début de soirée, nous sommes arrivés à Belgrade. Nous sommes passés sous le pont reconstruit après sa destruction par les forces de l’OTAN. Un nouveau tablier a été posé sur les anciens piliers qui gardent les stigmates des bombardements.

Nous avons remonté la Save, affluent du Danube sur quelques kilomètres avant de nous amarrer dans le quartier des Docks.

Je n’ai pas l’impression d’être dans le même pays que dans les deux premières petites villes Serbes que nous avons croisées. Ici l’accueil des autorités est ouvert, chaleureux, presque amical. Les formalités se sont déroulées en quelques minutes et terminées par un verre sur le pont du bateau. Quel plaisir !

Hier soir, nous sommes restés près du bateau car on nous a déconseillé de sortir en ville. 15.000 manifestants nationalistes Serbes, venus en car de province, ont déferlé sur la ville pour s’opposer à l’extradition de Radovan Karadzic. Les manifestations se sont déroulées au centre et nous sommes donc sagement restés dans le quartier du port.

http://balkans.courriers.info/article10976.html

Depuis notre arrivée ici, j’ai vraiment l’impression de toucher du doigt un morceau de l’histoire contemporaine européenne. Ce qui me paraissait loin de chez nous, à la télévision, est là maintenant, sous nos yeux. La Serbie, très "duelle" dans sa perception de l’Europe, est un pays qui reste fascinant et attachant.

Quelques infos sur le projet European Sound Delta à Belgrade ici : http://blog.sound-delta.eu/spip.php?article237

Video : Le Beau Danube du Delta à la Serbie

Quelques images du Beau Danube de toutes les couleurs... entre la Roumanie, la Bulgarie et la Serbie :

Merci !

Je voudrais prendre un petit moment pour remercier tous ceux qui ont rendu le rêve de l’Ange-Gabriel possible.

Veronica, qui a embarqué avec moi sur ce projet un peu fou il y a quelques années déjà. Après une période de réflexion, elle s’est engagée avec l’amour et la passion qui la caractérise.

Alexandre. Le rayon de soleil de ma vie. J’ai vécu des moments d’intense émotion père-fils en le regardant s’émerveiller sur le bateau. Son enthousiasme et sa joie plus que débordante à l’idée de vivre sur un bateau ont définitivement balayés les dernières craintes que j’aurais pu avoir concernant la vie en famille sur l’eau.

Hervé, sans qui le projet n’aurait pas pris la forme qu’il a aujourd’hui. Hervé nous a accompagné depuis plusieurs années sur le montage administratif, juridique et surtout financier du projet. Son apport a été déterminant pour que le projet puisse voir le jour. En plus de son apport sur le plan concret, Hervé nous a également apporté sa foi dans un projet que beaucoup pouvais percevoir comme fantaisiste, peu réalisable voire dangereux. Il a vraiment accompagné et partagé notre rêve, bien avant sa concrétisation. Special Thanks !

Michel et l’ASBL Sauf qui Peut. C’est sur son premier bateau, le « Biesse di nut », que j’ai contracté le virus du bateau et l’envie de vivre sur une péniche. C’est également Michel qui, de par ses contacts, à trouvé notre bateau et nous a mis en relation avec les propriétaires de l’Alchan-D. C’est encore lui qui a coordonné le chantier de transformation du bateau et fédéré autour de lui, avec l’ASBL Sauf qui Peut, les différents corps de métier pour transformer le bateau en logement. Il a mis l’expérience de ses deux premières transformations de bateau au service du projet de l’Ange-Gabriel.

Albert et Chantal, les anciens propriétaires de l’Ange-Gabriel (ex Alchan-D). Nous avons eu beaucoup de chance de tomber sur ce couple de marinier. Ils nous ont vendu un très beau bateau, très bien équipé et entretenu avec amour depuis des années. Même si ça a été un peu dur pour Chantal de se séparer de son lieu de vie et outil de travail depuis 27 ans, ils nous on accompagné avec toute leur expérience et leurs excellents conseils depuis le début des travaux. Encore aujourd’hui, sur le Danube, j’appelle presque tous les jours Albert pour lui poser des questions techniques sur le fonctionnement de telle ou telle partie de la salle des machines. C’est vraiment incroyable comme, même à distance, il connaît encore le moindre recoin, la moindre vanne ou le moindre bouton de son bateau. On a pas l'impression d'être à des centaines de kilomètres de distance entre la Belgique et le Danube, on dirait plutôt qu'Albert se trouve à l'avant du bateau et que nous communiquons par Walkie-Taklie. À chaque fois il nous dit exactement ce que nous devons faire et c’est chaque fois la bonne solution. Et manifestement, il le fait de bon cœur, avec le souci que le bateau fonctionne au mieux. C’est génial !

Guy. C’est grâce à Guy que nous avons les beaux espaces tels qu’ils sont aujourd’hui aménagés dans le bateau. Guy a dessiné les plans d’aménagement. Malheureusement, pour des questions de temps, de budget et de manière de travailler différente, nous n’avons pas pu les réaliser tels qu’ils étaient dessinés. Néanmoins, c’est sur base des plans que la disposition générale du bateau a été réalisée et même si pour Guy, ce doit être assez décevant de voir les écarts entre ce qu’il avait imaginé et ce qui a été finalement réalisé, sans ses précieux desseins, l’Ange-Gabriel n’aurait pas son bel aspect d’aujourd’hui. Mille merci pour la belle créativité et les jours d’intense production !

Pierre-Yves. Plus qu’un notaire, son enthousiasme pour notre projet, le temps qu’il a passé à débroussailler le terrain juridique, sa créativité pour trouver des solutions légales adaptées à notre réalité, ses précieux conseils et son support matériel et amical nous ont permis de nous lancer dans l’aventure l’esprit clair et serein. Cadeau sans prix…

Mes collègues, associés et partenaires de chez A HERMES, NOW.be et ALVOS Films qui m’ont accompagné par leurs encouragements et leur support au bureau pendant les périodes chaudes du projet. Un merci particulier à Ngalula, Hervé, David et Gauthier qui m'ont encourager à oser prendre 9 semaines de congé, me permettant d’accompagner mon bateau en navigation sur la Danube le cœur léger…

Toute l’équipe de Michel, qui a réussi un exploit en transformant le bateau de commerce en bateau de croisière en si peu de temps, avec beaucoup de professionnalisme, d’engagement et d’esprit positif, malgré les galères rencontrées : Olivier, Ben, les deux Julien, Marie-Lou, Philippe, Freddy…

Bruno, mon cousin, qui aménage un superbe Luxmotor à Anderlecht et avec qui j’ai pu partagé et apprendre plein de petites choses très utiles… Le plaisir de partager une passion commune avec son cousin. Très sympa ;-)

Les organisateurs et les participants aux soirées fluviales à l’initiative de Jêrome.

Christian Laurent, du chantier Meuse et Sambre pour ses précieux conseils. Même si je n’ai finalement pas travaillé avec un chantier naval pour la réalisation du bateau, sa disponibilité et son ouverture m’ont permis d’éclaircir plusieurs point important afin de faire des choix en toute connaissance de cause.

Les sites Aquaforum, Habitat-Fluvial, Bord à Bord sur lesquels j’ai glané, depuis des années, un paquet d’informations, parfois contradictoires entre elles, mais qui avaient le mérite de faire avancer la réflexion et surtout, de susciter de nouvelles questions. Par contre, je me rends compte, avec le recul, que toutes les réponses à ces questions ont été trouvées auprès de personnes dans la « vraie vie » et finalement assez rarement en ligne…

Ceux qui sont venu donner un coup de main sur les travaux : Jacques, Diego, Brigitte, Sean…

Pierre pour ses conseils et son éclairage pour la partie son et audiovisuelle embarquée.

Les administrations publiques belges : sur les forums, la partie administrative avait l’air d’être la partie la plus pénible du projet. Dans mon cas, il n’en a rien été. À chaque étape du parcours administratif, je suis tombé sur des personnes compétentes, aimables, rapides, orientées « usagers » et « solutions ». Toutes les formalités se sont déroulées du premier coup, sans allers-retours et dans des délais beaucoup plus court que ce que j’avais imaginé. Je ne pourrais pas remercier individuellement chaque fonctionnaire rencontré, mais merci aux agents du service public fédéral mobilité et transport à Bruxelles, Anvers et Ostende, aux agents de la région wallonne, aux éclusiers, à la police fluviale, aux maîtres jaugeurs, à la conservation des hypothèques maritimes et fluviales à Anvers…

Le port de plaisance de Peruwelz, qui nous a accueilli très gentiment pendant une grande partie des travaux d’aménagement du bateau en Belgique. Nous avons fait du bruit, des crasses… Mais tout le monde a été très sympa avec nous.

Les amis qui m’ont nourrit par leur enthousiasme communicatif sur ce projet : Mon papa, Thibault, Jacques, Dominic, Brigitte, Patrick, David, Ngalula, Ann, Sabine, Olivier, Cathy, les familles Libbrecht-Scheid et Van Dieren, Greta, Ten Wolfs, Aurélie, Alex, Sophie, Eliane, Jean-Luc, Thierry, Florence, Coralie, Philippe et Pascale, Denis, Fred, Gaël, Titane et Peppino, qui m'a amené un jour voir la péniche de Michel…

Dominique, Léon, Pascale, Martine, Sabine, Olivier et Gauthier avec qui je partage un parcours de développement personnel depuis deux ans et qui accompagnent également la concrétisation du rêve à chacune de nos riches rencontres.

Les pénichards qui nous ont gentiment accueillis sur leur bateau à l’époque où nous étions encore des gens d’à terre pour nous partager leurs expériences de l’habitat fluvial : Laurent et Hélène du Story-Boat, Patrick et Françoise de la Favorise, Martine et Bernard Buisseret du MS Elisabeth

Dominique Poumay, mon assureur pour le bateau, compétent, réactif et sympa. Il a passé beaucoup de temps sur le dossier d’assurance du bateau pour l’expédition Danube. À recommander ;-)

Gérard Bachy et Pierre Verberght pour leurs conseils sur la navigation sur le Rhin et le Danube.

Les membres du Collectif MU, assez fou pour louer un bateau dont le gros œuvre n’était pas encore achevé quelques semaines avant la date de location et assez cool, ouvert et sympa pour nous faire confiance et accepter les choses telles qu’elles se sont présentées. Merci en particulier à Eve pour ses talents d’organisatrice, de communication constructive et de médiatrice à ses heures ;-)

Diego, qui m’a accompagné plusieurs semaines sur le Danube et avec qui nous avons surmonté toutes les galères d’un bateau non-fini avec à son bord les 10 premiers passager de sa nouvelle vie de bateau de plaisance. Nous avons, grâce à notre complémentarité, vraiment appris à connaître le bateau dans ses recoins et à commencer à bien le prendre en main. Merci à lui pour sa force de travail et son esprit toujours positif !

Et à vous qui, plus de 150 par jour, venez lire ce blog… Merci pour vos commentaires d’encouragements, ils font vraiment vraiment plaisir et me donne à chaque fois un peu plus d’énergie pour poursuivre l’aventure plus loin !

Diaporama de photos du Danube

Un diaporama de photos du Danube et du projet European Sound Delta entre la Roumanie et la Serbie

mardi 29 juillet 2008

En route pour Belgrade

6h40. Voilà déjà un début de journée bien remplie. Ce matin, formalité de sortie à la police Serbe, ensuite paiement et permis de naviguer vers Belgrade à la Capitainerie du Port. Retour au bateau. Chauffe des moteurs et départ. Ensuite, petit tour dans la salle des machines pour remettre l’huile à niveau dans le générateur 220 volts et ensuite vidanger le trop plein d’eau sous le moteur.

Ce matin, notre ami Yugo, de bonne hurleur (oups, pardon, de bonne humeur), me propose de me laisser faire, sous son œil, les manœuvres de sortie du port. Génial ! A six heures, le soleil caresse les eaux rosées du matin sur un Fleuve d’huile. Toujours accompagné du doux ronron de son puissant moteur, en quelques coups de barres, d’embrayage et de gaz, le bateau se décolle tout doucement de la berge en prend lentement son envol vers le chenal pour filer presque silencieusement sur le lit du Fleuve en glissant le long des berges de la ville encore en pyjama. Nous croisons une barque de pêcheurs déjà au travail. Une fois passés sur notre côté, ils disparaissent, dévorés sous les feux du soleil levant qui embrasent notre sillage.

Bienvenue en Serbie

Depuis notre arrivée, hier, en Serbie, j’ai passé plus de temps dans les commissariats, douanes, capitaineries, bureaux d’agents et autres temples de l’administration qu’à visiter le pays ou profiter des charmes locaux…

Avant-hier soir, « revizion » complète à Donji Milanova, début des festivités à 18h00 et clôture à minuit lorsque les derniers agents, très pointilleux, mais assez aimables, quittent le pont. Extinction des feux à 0h30.

Dans la courte nuit, réveil à 3h30 sous les coups sourds de la coque contre le ponton. À chaque butée, à intervalles réguliers, le bateau résonne comme une vielle cloche de cathédrale mal accordée. En caleçon sur le pont, nous croisons Christophe, hirsute, réveillé par les mêmes sonorités nocturnes. À trois, nous resserrons les amarres du bateau et plaçons un pneu et un pare battage entre la bordaille et le ponton.

Retour au lit pour une dernière heure de sommeil. Levé à quatre heures trente et départ à cinq heures trente.

Le lendemain, le festival itinérant des Administrations Serbes se poursuit à Veliko Gradiste. Le concert démarre cette fois à 13h00 pour une clôture à 20h00. Dans la foulée, nous en avons profité pour faire le plein de fuel. Le port ne possédant pas d’infrastructure pour tanker les bateaux, c’est un camion qui vient nous livrer. Il est accompagné d’un camion de pompier, de notre agent, du capitaine du port, de la police et d’un inspecteur du ministère de l’environnement. Remplissage de 900 litres dans chacune des cuves babord et tribord. Petit débordement sur les plats-bords lors du deuxième remplissage. Réaction rapide pour contenir le liquide qui se répand. Pas une goutte dans le Danube. Ouf ! L’inspecteur nous remet son rapport et tout est en ordre. Nous pouvons payer les 225.000 dinars retirés en billets de 1000 en 9 retraits au Bancomat. Belle liasse !

Notre agent, charmante jeune femme serbe, nous a accompagné toute la journée pour surmonter les embûches de l’administration. Elle a fait un boulot formidable pour nous accélérer, tant que faire se peut, la traversée des méandres bureaucratiques locaux. Les points d’achoppement qu’elle a dû régler ont été, entre autres, le carnet ATA du matériel embarqué (une sorte de passeport pour le matériel) qui était apparemment incomplet, certains passeports des passagers « abîmés », des documents administratifs mal remplit par les douaniers de Donji Milanova et l’organisation, un peu épique, de la livraison du fuel dans le port. Beau travail !

Contrairement à la Roumanie et à la Bulgarie, j’ai senti en Serbie une certaine froideur, voire de l’hostilité chez certains agents publics. J’ai l’impression que nous sommes tolérés sur le territoire, sans plus. À l’arrivée à la police de Veliko Gradiste, pas un croisement de regard, pas un sourire, un couloir post-soviétique en guise de salle d’attente, pas de chaise pour s’asseoir, un guichet fermé derrière lequel sont assis plusieurs agents qui regardent les variétés style « Eurovision » à la télévision, sans détourner la tête. Attentes de plusieurs dizaines de minutes sans aucune explication. Pendant ce temps, les passagers et le reste de l’équipage sont confinés à bord.

Après plusieurs heures, une fois les formalités d’entrée en Serbie terminées, les passagers peuvent se rendre à la police dès la sortie du bateau avant de se rendre en ville. Ils doivent expliquer l’objet de leur sortie (restaurant, courses…) afin de recevoir leur passeport pour une durée déterminée (par exemple 4 heures). Une fois la sortie finie, nous retournons au commissariat rendre notre passeport et retournons au bateau. Ça procure une subtile, mais bien réelle, sensation de privation de liberté…

J’ai l’impression qu’au premier faux-pas de notre part, on est parti pour démarrer « Midnight Express »… Bon j’exagère, mais l’ambiance au commissariat est aussi glacée qu’une porte métallique gelée… Après des heures de tracasseries administratives dans un environnement hostile et dans une langue étrangère, je sens la tension nerveuse accumulée…

Je pense qu’une partie des Serbes n’oublie pas que ce sont, entre autres, 12 de nos avions belges qui, il y a moins de 10 ans, ont effectué des centaines de sorties de combat en soutien aux bombardement « humanitaires » de l’OTAN sur les positions Serbes. Plus récemment encore, début 2008, le concert des pays européens reconnaissait l’indépendance du Kosovo, au grand dam de la Serbie. Geste ressenti comme de l’ingérence et une gifle humiliante adressée aux Serbes, alliés historiques de l’occident chrétien contre les occupations Turques puis Nazies…

Signe visible de la tension dans la région, nous avons croisé un convoi de l’armée belge, sous l’égide de la KAFOR, qui traversait le Danube à Calafat en Bulgarie pour se rendre en mission de maintien de la paix au Kosovo. Sans doute que le célèbre « Droit d’ingérence » de Kouchner est ressenti différemment à Paris et à Bruxelles qu’à Belgrade…

De là à dire qu’ils nous le rendent bien, je ne sais pas...

Plus d’infos :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Allied_Force

http://www.b-i-infos.com/articles/Lewis_Mac_Kenzie_Nous%20nous%20sommes%20tromp%E9s%20de%20bombardement.pdf

http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19920406

Les Portes de Fer

Voici quelques images des célèbres Portes de Fer.

C’est effectivement assez impressionnant. La Majesté des lieux s’impose à notre frêle esquif qui semble demander la permission de franchir l’étroit passage entre les deux verdoyants et riches massifs montagneux des Carpates et des Balkans.

Une colossale tête de géant, taillée à flanc de montagne, semble surveiller la gorge de son regard profond et ténébreux.

Plus loin, un petit édifice religieux, une sorte de chapelle orthodoxe, diffuse des chants de prières. Quelques officiants debout sur une terrasse surplombant le Danube, habillés de longues soutanes noires, nous font signe lorsque nous passons à leur hauteur.

Le tableau qu’offre ces paysages d’un autre temps me rappelle les contrées du Seigneur des Anneaux. C’est un mélange des habitants des terres du Rohan qui se seraient installés dans les Gorges des anciens rois de l'Argonath.

"Frodon, les yeux fixés devant lui, vit s'avancer au loin deux grands rochers : on eût dit de grands pinacles ou de grandes colonnes de pierre. Hauts, verticaux et menaçants, ils se dressaient de part et d'autre du fleuve. Une trouée étroite apparaissait entre eux, et le courant emportait les bateaux vers celle-ci.
- Voyez l'Argonath, les Piliers des Rois ! s'écria Aragorn. Nous n'allons pas tarder à les passer. Maintenez les barques en files et aussi espacées que possible ! Tenez le milieu du lit !
A mesure que Frodon était emporté vers eux, les grands piliers s'élevèrent comme des tours à sa rencontre. Ils lui parurent de grandes et vastes formes, menaçantes dans leur mutisme. Puis il vit qu'elles étaient, en fait, taillées et façonnées : l'art et le pouvoir de jadis s'y étaient appliqués, et elles conservaient encore, en dépit des soleils et des pluies d'années oubliées, les puissantes images qui leur avaient été données. Sur de grands socles fondés dans les profondeurs des eaux se dressaient deux grands rois de pierre : hiératiques, ils contemplaient sévèrement le nord de leurs yeux voilés, sous des sourcils crevassés. Leur main gauche était levée, paume en dehors, en un geste d'avertissement ; la main droite tenait une hache ; sur leur tête étaient un heaume et une couronne effrités. Gardiens silencieux d'un royaume depuis longtemps disparu, ils étaient encore empreints d'une grande puissance et d'une impressionnante majesté. Une crainte respectueuse envahit Frodon : il se fit tout petit et ferma les yeux, n'osant lever le regard tandis que les bateaux approchaient. Même Boromir baissa la tête comme les embarcations passaient à vive allure, frêles et fugitives comme de petites feuilles, sous l'ombre permanente des sentinelles de Númenor. Ainsi passèrent-ils la sombre trouée des Portes."


dimanche 27 juillet 2008

[Presse] Deux bateaux pour écouter l’Europe

Un artice de d'Adrienne Nizet, dans Le Soir du Samedi 26 juillet 2008 :

Création sonore Sur le Rhin et le Danube

Un projet radiophonique de près de trois mois a débuté samedi dernier. Et fait une halte à Bruxelles ce week-end.

Amarré pour quelques jours près de Bruxelles-les-Bains, le Gavroche est une péniche de 30 m de long. Un beau bateau, solidement équipé. Pendant trois mois, le bâtiment va transporter différents artistes et… un studio son.

De l’autre côté de l’Europe, à Tulcea, en Roumanie, un autre bateau, l’Ange-Gabriel, a pris le départ début juillet avec à son bord d’autres artistes mais un objectif similaire : rallier Strasbourg fin septembre, via respectivement le Rhin et le Danube, les coques pleines de nouvelles créations sonores. D’ici là, leurs parcours seront jalonnés d’étapes dans différentes villes, où auront lieu de nombreux concerts, performances, installations, etc.

Pour le Gavroche, le premier évènement a eu lieu samedi dernier, au City Sonics de Mons. « Nous avons ensuite pris deux jours pour rejoindre Bruxelles, raconte Nicolas Horber, coordinateur du projet sur ce bateau. Ça fait partie du projet, la volonté de traverser l’Europe à un rythme particulier. Et une telle configuration permet la promiscuité. »

En effet, à bord, les artistes et ceux qui les accompagnent dorment sur des couchettes dans une seule pièce, cuisinent tous ensemble, mangent dans ce qui devient ensuite le studio son. Et parlent anglais ? « Ça se met en route, continue Nicolas. On a parlé français, tant qu’il n’y avait que des francophones. Maintenant, on se met à l’anglais, à l’allemand parfois. »

Les artistes résidents ont été sélectionnés suite à un appel à participation. Ils seront quatre à six sur chaque bateau, pour des périodes de trois à quatre semaines. En ce moment, Sillyconductor, Aymeric De Tapol, Joachim Montessuis, Maria Balabas (Roumanie) et François Martig (France) vivent sur le Gavroche.

Curieux avec les oreilles

Le nom du projet, European Sound Delta, et même son « sous-titre », « Radio and media art mobile project » attisent la curiosité. Voire l’incompréhension.

Pour résumer, disons que les artistes résidents vont, tout au long du parcours, collecter des sons, « l’identité sonore des villes ». Les éléments seront captés, enregistrés puis archivés en vue d’un travail de création. Qui sera fait entre les escales. Lors de celles-ci, des concerts en réseau seront organisés, des live session entre les deux bateaux, ou encore des soirées « placard », des concerts au casque, qui permettent de créer un climat intimiste pour l’auditeur. Par ailleurs, des parcours sonores seront organisés dans différentes villes. Les auditeurs pourront, armés d’une carte géographique, les découvrir avec d’autres oreilles.

Si les vôtres ont envie d’être chatouillées, de découvrir l’univers pointu et original de l’European Sound Delta, elles peuvent, en attendant la soirée de ce samedi (voir ci-dessous) se balader sur le site du projet et celui de l’ACSR, un de ses partenaires belges. Un bon son vaut mieux qu’un long discours.

www.sound-delta.eu

www.silenceradio.org

Des créations sonores, à écouter et à danser

Après avoir « habillé avec des sons » un repas, mercredi à la Compilothèque, l’European Sound Delta sera samedi, en collaboration avec ses partenaires belges, dès 15 h, à l’Imal, le centre des cultures et des technologies digitales.

Durant l’après-midi, de nombreux artistes diffuseront leurs productions radiophoniques et dès 20 h, il sera possible d’assister – et c’est gratuit – à des performances live.

Diogène, Ice Age, Sébastien Dicenaire, Damien Magnette, Catherine Vertige seront de la partie pour ce rendez-vous, qu’on nous annonce dansant en seconde partie…

www.acsr.be

www.imal.org

www.radiopanic.org

La péniche Gavroche sur le Rhin

Le bateau Gavroche, qui remonte le Rhin de la mer du Nord jusqu'à Strasbourg à lancé son blog : http://penichegavroche.blogs-de-voyage.fr/

Les deux bateaux se retrouveront à Strasbourg pour fêter en beauté l'accomplissement de ce magnifique European Sound Delta !

D'ici-là, bonne navigation à toute l'équipe du Rhin, à Philippe et à l'équipage du Gavroche !

PS : c'est rigolo, les rythmes de vie, nocturne pour les artistes et diurne pour l'équipage, sont apparemment les mêmes sur les deux bateaux, sauf que sur le Danube, l'équipe de MU travaille plutôt l'après-midi alors que la nuit est plutôt réservée à la détente et à la fête ;-)

jeudi 24 juillet 2008

Ne vous baignez pas dans le Danube !

Un petite info trouvée sur le net :

Selon des informations données par la chaîne de télévision RTL Klub, la pollution de l'eau du Danube à Budapest a dépassé les limites de salubrité. Il a été démontré que l'eau avait été infectée par des bactéries e-coli, Escherichia coli, dans des quantités supérieures à la norme sanitaire. L'eau analysée contient des traces de selles et ceux qui se baigneraient dans cette partie du Danube (et en aval vers le Delta) risqueraient d'attraper une maladie contagieuse. La police a redoublé ses contrôles sur le fleuve et inflige une amende à qui se baignerait illégalement. Cette année d'ailleurs, cinq personnes se sont déjà noyées dans le Danube et la police est plus que jamais attentive. M.K. (www.lepetitjournal.com - Budapest) mercredi 23 juillet 2008

Beurk... Lazlo avait raison. Il nous avait déconseillé de nous baigner après l'Allemagne... C'est noté ;-)

Au revoir la Bulgarie...

Nous avons quitté le territoire Bulgare avec des engueulades mémorables entre le pilote et le bureau des agents au sujet du paiement. J’en ai enregistré un court extrait de 23 minutes dont voici, en MP3, un extrait de l'extrait :-)

Nous voilà donc à nouveau à bord du bateau, en territoire belge. Nous nous dirigeons vers Calafat en Roumanie avant d’entrer en Serbie.

Je garde un magnifique souvenir de la Bulgarie. Hier soir, pour fêter notre départ, nous sommes allés manger entre équipage (histoire de resserrer les liens), Diego, Yugo et moi, dans un petit restaurant du port. Un chanteur local animait la soirée avec des chansons « à la carte » sur demande des clients, en Bulgare, en Russe, en Serbe… Le chanteur avait un physique particulier. Taillé comme Jêrome dans Bob et Bobette, les épaules trois fois plus large que son bassin, il nous a expliqué qu’il avait été boxeur avant d’être chanteur. Jolie voix et beaucoup de passion dans sa façon de chanter… Un bon moment d ‘émotion et de détente avant de reprendre la navigation ce matin…

J’ai été surpris par la qualité d’accueil des Bulgares, leur gentillesse. Les villes sont propres, les hommes sont beaux, les femmes gracieuses et élégantes, tous bien habillés, très soignés, les jeunes comme les personnes plus âgées. Ils prennent soin d’eux et à côté d’eux, nous sommes clairement plus débraillés et moins propres.

C’est intéressant car la notion de propreté est à géométrie variable selon les régions. Pour nous, il n’est pas propre de jeter des détritus dans le Danube. En revanche, pour notre pilote, c’est franchement répugnant de se promener plusieurs jours avec des poubelles à bord. Et il répète en montrant les poubelles, l'air dégoûté : « Haaaa, Das Europa ! ». Le premier jour, en passant près des sacs de poubelles, dont nous n’avions pu nous débarrasser faute de container sur les berges, il les a empoignées et, sans hésitation ni tri sélectif, il les a balancé par dessus bord en grommelant « We zijn niet Barbares ! ». Il est aussi choqué par les blagues de pets et autres grivoiseries gauloises ;-) « Haaaa, Das Europa ! »

Toujours dans le rayon propreté, nous avons fait, Diego et moi, les fées du logis dans notre carré. Maintenant tout est beau et tout propre. On y vivrait ;-)

mercredi 23 juillet 2008

Je suis fatigué...

Mercredi 23 juillet. Ce matin, avec le manque de sommeil accumulé et la fatigue nerveuse, c’est la première fois depuis le début du voyage que je commence à avoir envie de rentrer en Belgique.

En premier, le sommeil. Je suis loin de mon cota de mes 9 heures de sommeil habituel. En navigation, levé à 5 ou 6 heures. Couché quand le groupe électrogène s’arrête vers 23h00 hier, à 2h30 du matin avant hier, quand épuisé de ne pas m’endormir, je me suis levé et suis descendu dans la salle des machines pour l’éteindre moi même…

En second, la fatigue nerveuse. Le fait de faire ce voyage avec un bateau qui n’était pas prêt au niveau des commodités pour les passagers et avec un équipage composé de Diego et moi, totalement novices dans la navigation et dans la mécanique et de Yugo, très expérimenté, mais dans l’impossibilité de descendre dans la salle des machines, avec de surcroît un vrai caractère de… C’est vraiment épuisant… Il n’y a pas encore eu un jour sans incident, sans coups de gueule du pilote. Dès que l’incident apparaît, ce sont des cris, voire des hurlements… Et même entre les incidents, il râle sur tout du matin au soir… Nous n’avons donc aucun moment de répits. Nous volons, chacun à notre tour, quelques dizaines de minutes de sieste en cachette du pilote pendant que l’autre tient le quart de guet… Même si j’imaginais bien que l’aventure allait être un peu sportive, c’est en tout cas très loin d’être des vacances ou du repos…

Depuis ce matin, le moteur chauffe par intermittence. Apparemment le circuit de refroidissement est obstrué. J’ai déjà nettoyé le filtre et désencrassé le circuit d’évacuation de l’eau plusieurs fois afin d'avoir un beau jet d'eau de de refroidissement bien puissant (comme sur la photo). Depuis, cela semble fonctionner. La température est redescendue de 100° à 60°. Diego est à l’arrière, près du pilote. Moi, je suis dans la grande salle, au milieu des artistes casqué qui produisent studieusement leurs œuvres sonores. J’ai mon walkie-talkie posé sur moi et j’attends le prochain appel pour retourner dans la salle des machines et ensuite aller vérifier, sous les aboiements, la température aux cadrans dans la timonerie.

Je commence donc à être impatient de retrouver mon bateau seul. Et d’être à bord uniquement avec des personnes cool, dont je ne dois pas m’occuper et qui savent s’exprimer sans devoir pousser de la voix… Mais bon, je continue, à travers les nuages, à percevoir la magie du voyage et à profiter de ces fabuleux moments avec les très belles personnes qui sont à bord. A ce niveau-là, nous avons une chance formidable d’être tombé sur un groupe composé de personnes aussi sympas, drôles, talentueuses, respectueuses et gentilles… Ça aide à tenir et ça motive à continuer le cœur plus léger…

Le chant de l’Ange-Gabriel

22 juillet. Nous venons reprendre la navigation après une semaine de pause à Rousse. À bord, plusieurs nouveaux passagers, dont Tô, un artiste sonore. Il enregistre des « sons » sous l’eau qu’il va ensuite utiliser comme matériel de travail.

Ce vendredi, il a proposé une performance sonore sur le ponton du bateau. Il diffusait des sons captés dans l’eau. Eau dans laquelle était diffusée d’autres sons enregistrés dans d’autres endroits du Danube quelques jours avant. C’est évidemment très abstrait. Pendant la performance, Yugo, notre pilote, assis sur le ponton, m’a fait un clin d’œil en me disant « Scheune Musik ». C’était du second degré ? C’était en tout cas la rencontre de deux mondes ;-)

Dès le départ du bateau ce matin, Tô s’est mis au travail. Il a bricolé une sorte de « canne à pêche » à laquelle il suspend des câbles de cuivre, lesté par des boulons, qu’il laisse filer dans l’eau par un hublot. Un capteur stéréophonique enregistre le son produit par les vibrations de l’eau sur les câbles de cuivre. Il vient de me faire écouter quelques secondes des premiers enregistrements. De belles harmoniques mystérieuses et envoûtantes. C’est un mélange du chant des sirènes du Danube et du chant de l’Ange-Gabriel. Fascinant !


Je suis tout aussi fasciné par les sons que par l’artiste. Tô est très doux, très gentil, très grand. Il fait des choses tellement « bizarre » - pêcher des sons sur une péniche en navigation – avec un tel sérieux et un tel engagement. Il est en même temps plein de curiosité envers le bateau et d’humilité dans sa manière de travailler. Il a également la tête bien sur les épaules et apporte beaucoup de bon sens et d’expérience aux autres membres de l’équipe (dont certains sont un peu plus rêveurs) dans les discussions à bord au sujet de ce qui est possible, permis ou pas, dans la région. Je ne sais pas si le terme est adéquat, mais je le trouve très professionnel. Il m’inspire beaucoup de respect et l’envie de plonger, avec lui, dans cet univers de féerie aquatique et sonore.

Un extrait sonore : (en ligne dès que j’ai une connexion haut débit ;-))

Le site internet de Thomas : http://www.fissur.com

Le Danube côté Bulgare

Mardi 22 juillet. Nous avons quitté ce matin vers 6h00 la charmante petite ville estudiantine de Svistov pour rejoindre, en deux jours et demi, la ville de Vidine, toujours du côté Bulgare du Fleuve, histoire d’éviter un nouveau passage de douane. Nous ne ferons sans doute pas de halte à terre durant cette navigation. Nous ferons donc deux nuits à l’ancre, au milieu du fleuve. Il nous reste 6.000 des 10.000 litres d’eau à bord. A une moyenne de 100 litres d’eau par personne et par jour, nous allons suivre attentivement le niveau des cuves. Pour l’avoir vécu, une panne d’eau sous la canicule avec 12 personnes à bord, c’est pas rigolo. Plus de WC, plus de douche, plus de vaisselle… On a retenu la leçon et on va éviter ça ;-)

Le niveau du Fleuve continue de baisser. À chaque contrôle, je signe un document qui certifie que j’ai pris connaissance du niveau actuel des eaux. Je ne comprends rien aux chiffres qu’on me communique, mais manifestement, c’est clair pour Yugo quand je les lui retransmets à mon retour à bord.

Ce matin, un vent violent c’est levé. Diego et moi avons rebâché les matériaux posés sur les écoutilles. Tendre les bâches, trouver de quoi les attacher solidement, le tout sans gêner la vue du pilote, ni tomber à l’eau. C’est du sport.

Juste après, Yugo me rappelle dans la timonerie en m’indiquant le cadran de température du moteur qui monte au-dessus des 80° au lieu des 60 habituels. Il me demande d’aller voir dans la salle des machines ce qui se passe. Je descends en me demandant bien ce que je vais pouvoir faire, et même où commencer à regarder. Tout à coup, je me souviens du problème que nous avions eu cet hiver le premier jour où nous avons piloté le bateau avec Michel. Le filtre du système de refroidissement était sale. Je sors de la salle des machines pour vérifier la qualité du jet d’eau qui sort sur le côté du bateau. Effectivement, le jet est intermittent est de faible puissance. Ni une, ni deux, je redescends et à genoux devant le filtre, je le démonte. L’eau jaillit, le filtre en métal est cassé. Je l’extrais. J’en place un nouveau, referme la cuve du filtre à la clef anglaise. Je sors et vérifie l’eau qui jaillit à nouveau à grand jet continu de la bordaille. Magnifique. Je retourne dans la timonerie et Yugo confirme que la température redescend. Yes ! J’adore ces grands moments où l’on sent que l’on commence à « comprendre» le bateau, à le connaître de l’intérieur. Nous gagnons petit à petit en autonomie…

Pendant ce temps, la vie à bord suit son cours. C’est toujours un petit miracle pour moi de voir ce bateau avancer lentement sur le Fleuve. Dehors, le vent et la pluie d’orage de ce matin se sont dissipés. A l’intérieur, Yugo est à la barre, nous avons fini de manger, deux personnes travaillent sur leurs ordinateurs dans la grande salle, quelques personnes se reposent et discutent sur le pont, un passager est encore au lit depuis hier soir, d’autres sont retournés faire une sieste, Vincent contemple le paysage qui défile lentement à travers un sabord avant de retourner à ses montages vidéos sur Final Cut. Et tout ce petit monde est emmené par l’infatigable Ange-Gabriel qui depuis Peruwelz, nous berce du régulier ronronnement de son moteur.

Nous avons adapté le document de vie à bord en tirant parti des expériences, parfois dramatiques, que nous avons vécues depuis le début du voyage.

Voici la copie que nous avons partagée avec les nouveaux arrivants et qui est affichée à l’entrée du bateau.

Ce document évoluera encore au fil du temps et au fil de l’eau…

mardi 22 juillet 2008

Un bateau qui a du cachet !

Vu l’usage intensif du cachet du bateau, et sur les conseils de Yugo, nous en avons fait refaire un à Rousse (Bulgarie). Il contient les mentions « légales » utiles pour les administrations tout le long du Danube : la devise du bateau, une ancre, les initiales des propriétaires et le port d’attache.

J’étais trop fier ce matin à la douane et aux autorités portuaires en tamponnant tous les documents officiels. Trop la classe !

Il est pas beau le nouveau cachet ? ;-)

lundi 21 juillet 2008

European Sound Delta à Bruxelles

Pour mes amis belges qui veulent gouter un peu l’ambiance du projet European Sound Delta, le second bateau qui remonte le Rhin (le Gavroche) sera à Bruxelles cette semaine, du 21 au 27 juillet avant de repartir pour Antwerpen.

Le collectif MU organise des évènements ouverts au public ici : http://arts-numeriques.net/spip.php?article536

Vous me direz comment c’était ? ;-)

samedi 19 juillet 2008

Rencontre avec des travailleurs du Fleuve

Nous avons fait une rencontre vraiment exceptionnelle. Diego, Christophe et moi avons sympathisé avec l’équipage du bateau serbe auquel nous étions amarré cette semaine.

Depuis notre arrivée, ils n’ont cessé de nous rendre service. Les mecanos ont aidé Diego pour réparer la pompe à eau, ils nous ont ravitaillé en eau deux fois, 4 tonnes à notre arrivée et 4 tonnes à notre départ, connecté à l’électricité, aidé pour différents problèmes mécaniques dans la salle des machines… Et tout cela gratuitement…

Au début, certains passagers étaient méfiants à leur égard. Ils étaient inquiets de les voir passer sur notre pont ou descendre à l’intérieur du bateau. Nous nous demandions ce qu’ils voulaient. En fait ils n’attendaient rien de particulier. Mais dans notre société, nous n’avons plus l’habitude de l’entraide gratuite. Et sur le Fleuve, nous ressentons vraiment fort cet esprit de « communauté fluviale » avec les habitants et les travailleurs de l’eau…

Ils nous ont emmené dans la gargotte des mariniers de Rousse. Une vague cabane dans laquelle se trouve un improbable snack uniquement connu des mariniers du Danube. Ambiance comme on peut l’imaginer en écoutant la chanson « Dans le Port d’Amsterdam » de Jacques Brel, sauf qu’ici, nous ne sommes pas des touristes ou des ethnologues, nous sommes des marins, des membres d’équipage, un matelot, un capitaine et un cuistot. Je n’aurais jamais cru vivre ça un jour. Capitaine belge, matelot belgo-argentin, pilote serbe, cuistot français, en Bulgarie, à table avec un équipage serbe, discutant en allemand, sans distance, au premier degré, de navigation, de la vie sur l’eau, de la vie à bord, du métier… Nous sommes à égalité avec ces hommes qui vivent le fleuve depuis quarante ans pour certains. Ils nous voient, bien sûr, comme des petits nouveaux. Mais en même temps, nous ressentons le respect qu’ils portent à notre projet, à notre bateau, à notre travail.

Toni, le machiniste, nous a fait une visite guidée détaillée de l’énorme salle des machines du pousseur. Lors d’une manœuvre pour échanger nos places sur le ponton, Nikola, le capitaine, m’a invité à assister à la manœuvre depuis son poste de pilotage en haut du bateau.



Hier soir, nous avons passé un moment dans le carré de l’équipage autour d’une bière et d’un coca pour nous dire au revoir avant leur départ de ce matin vers Belgrade. Ils sont actuellement en route, en poussant devant eux 7 barges sur une longueur de 200 mètres. Plus de 5 fois la longueur de notre Freycinet, surnommée affectueusement « un canot » ou « une barque » par les Serbes ;-)

Une belle aventure humaine, que seul ce voyage un peu fou aura permise.

Un petit complément à ce post déjà rédigé, mais pas encore posté :

Il est 22h00, Yugo, sur la terrasse, vient nous prévenir que le « Velebit » passe actuellement à notre hauteur au milieu du fleuve. Il nous propose de l’appeler sur le canal 16 du mariphone, le canal inter-bateaux. C’est mon premier appel « en live » sur mariphone. Nikola, le captaine, nous répond. Nous lui souhaitons bon voyage. Il nous répond et nous nous disons au revoir en nous promettant de nous revoir à Belgrade. Ensuite, le bateau allume un énorme projecteur qu’il pointe vers nous et lance sa corne de brume qui déchire le silence douillet de la nuit tombante sur le Fleuve. A notre tour, nous répondons par 3 coups de cornes de brume. Magnifique !!! Là, nous nous sentons vraiment accepté sur le Fleuve… J’aurais voulu filmer ou enregistrer ce moment émouvant de communion fluviale… Ce sera juste un beau souvenir pour Diego et moi :-)