samedi 19 juillet 2008

Rencontre avec des travailleurs du Fleuve

Nous avons fait une rencontre vraiment exceptionnelle. Diego, Christophe et moi avons sympathisé avec l’équipage du bateau serbe auquel nous étions amarré cette semaine.

Depuis notre arrivée, ils n’ont cessé de nous rendre service. Les mecanos ont aidé Diego pour réparer la pompe à eau, ils nous ont ravitaillé en eau deux fois, 4 tonnes à notre arrivée et 4 tonnes à notre départ, connecté à l’électricité, aidé pour différents problèmes mécaniques dans la salle des machines… Et tout cela gratuitement…

Au début, certains passagers étaient méfiants à leur égard. Ils étaient inquiets de les voir passer sur notre pont ou descendre à l’intérieur du bateau. Nous nous demandions ce qu’ils voulaient. En fait ils n’attendaient rien de particulier. Mais dans notre société, nous n’avons plus l’habitude de l’entraide gratuite. Et sur le Fleuve, nous ressentons vraiment fort cet esprit de « communauté fluviale » avec les habitants et les travailleurs de l’eau…

Ils nous ont emmené dans la gargotte des mariniers de Rousse. Une vague cabane dans laquelle se trouve un improbable snack uniquement connu des mariniers du Danube. Ambiance comme on peut l’imaginer en écoutant la chanson « Dans le Port d’Amsterdam » de Jacques Brel, sauf qu’ici, nous ne sommes pas des touristes ou des ethnologues, nous sommes des marins, des membres d’équipage, un matelot, un capitaine et un cuistot. Je n’aurais jamais cru vivre ça un jour. Capitaine belge, matelot belgo-argentin, pilote serbe, cuistot français, en Bulgarie, à table avec un équipage serbe, discutant en allemand, sans distance, au premier degré, de navigation, de la vie sur l’eau, de la vie à bord, du métier… Nous sommes à égalité avec ces hommes qui vivent le fleuve depuis quarante ans pour certains. Ils nous voient, bien sûr, comme des petits nouveaux. Mais en même temps, nous ressentons le respect qu’ils portent à notre projet, à notre bateau, à notre travail.

Toni, le machiniste, nous a fait une visite guidée détaillée de l’énorme salle des machines du pousseur. Lors d’une manœuvre pour échanger nos places sur le ponton, Nikola, le capitaine, m’a invité à assister à la manœuvre depuis son poste de pilotage en haut du bateau.



Hier soir, nous avons passé un moment dans le carré de l’équipage autour d’une bière et d’un coca pour nous dire au revoir avant leur départ de ce matin vers Belgrade. Ils sont actuellement en route, en poussant devant eux 7 barges sur une longueur de 200 mètres. Plus de 5 fois la longueur de notre Freycinet, surnommée affectueusement « un canot » ou « une barque » par les Serbes ;-)

Une belle aventure humaine, que seul ce voyage un peu fou aura permise.

Un petit complément à ce post déjà rédigé, mais pas encore posté :

Il est 22h00, Yugo, sur la terrasse, vient nous prévenir que le « Velebit » passe actuellement à notre hauteur au milieu du fleuve. Il nous propose de l’appeler sur le canal 16 du mariphone, le canal inter-bateaux. C’est mon premier appel « en live » sur mariphone. Nikola, le captaine, nous répond. Nous lui souhaitons bon voyage. Il nous répond et nous nous disons au revoir en nous promettant de nous revoir à Belgrade. Ensuite, le bateau allume un énorme projecteur qu’il pointe vers nous et lance sa corne de brume qui déchire le silence douillet de la nuit tombante sur le Fleuve. A notre tour, nous répondons par 3 coups de cornes de brume. Magnifique !!! Là, nous nous sentons vraiment accepté sur le Fleuve… J’aurais voulu filmer ou enregistrer ce moment émouvant de communion fluviale… Ce sera juste un beau souvenir pour Diego et moi :-)

2 commentaires:

  1. Das is ein wonderful trip avec d'étonnantes rencontres...du pur multiculturalisme !
    Gute Fahrt
    Éliane

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  2. C'est superbement raconté, Xavier. J'ai vraiment eu l'impression de vivre l'au revoir au phare et à la corne de brume. Ca fait plaisir de te lire.
    Bonne navigation vers Belgrade.
    Bisous à toi et à Diego.

    Dominic

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