Avant-hier soir, « revizion » complète à Donji Milanova, début des festivités à 18h00 et clôture à minuit lorsque les derniers agents, très pointilleux, mais assez aimables, quittent le pont. Extinction des feux à 0h30.
Dans la courte nuit, réveil à 3h30 sous les coups sourds de la coque contre le ponton. À chaque butée, à intervalles réguliers, le bateau résonne comme une vielle cloche de cathédrale mal accordée. En caleçon sur le pont, nous croisons Christophe, hirsute, réveillé par les mêmes sonorités nocturnes. À trois, nous resserrons les amarres du bateau et plaçons un pneu et un pare battage entre la bordaille et le ponton.
Retour au lit pour une dernière heure de sommeil. Levé à quatre heures trente et départ à cinq heures trente.
Contrairement à la Roumanie et à la Bulgarie, j’ai senti en Serbie une certaine froideur, voire de l’hostilité chez certains agents publics. J’ai l’impression que nous sommes tolérés sur le territoire, sans plus. À l’arrivée à la police de Veliko Gradiste, pas un croisement de regard, pas un sourire, un couloir post-soviétique en guise de salle d’attente, pas de chaise pour s’asseoir, un guichet fermé derrière lequel sont assis plusieurs agents qui regardent les variétés style « Eurovision » à la télévision, sans détourner la tête. Attentes de plusieurs dizaines de minutes sans aucune explication. Pendant ce temps, les passagers et le reste de l’équipage sont confinés à bord.
Après plusieurs heures, une fois les formalités d’entrée en Serbie terminées, les passagers peuvent se rendre à la police dès la sortie du bateau avant de se rendre en ville. Ils doivent expliquer l’objet de leur sortie (restaurant, courses…) afin de recevoir leur passeport pour une durée déterminée (par exemple 4 heures). Une fois la sortie finie, nous retournons au commissariat rendre notre passeport et retournons au bateau. Ça procure une subtile, mais bien réelle, sensation de privation de liberté…
J’ai l’impression qu’au premier faux-pas de notre part, on est parti pour démarrer « Midnight Express »… Bon j’exagère, mais l’ambiance au commissariat est aussi glacée qu’une porte métallique gelée… Après des heures de tracasseries administratives dans un environnement hostile et dans une langue étrangère, je sens la tension nerveuse accumulée…
Je pense qu’une partie des Serbes n’oublie pas que ce sont, entre autres, 12 de nos avions belges qui, il y a moins de 10 ans, ont effectué des centaines de sorties de combat en soutien aux bombardement « humanitaires » de l’OTAN sur les positions Serbes. Plus récemment encore, début 2008, le concert des pays européens reconnaissait l’indépendance du Kosovo, au grand dam de la Serbie. Geste ressenti comme de l’ingérence et une gifle humiliante adressée aux Serbes, alliés historiques de l’occident chrétien contre les occupations Turques puis Nazies…
De là à dire qu’ils nous le rendent bien, je ne sais pas...
Plus d’infos :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Allied_Force
http://www.b-i-infos.com/articles/Lewis_Mac_Kenzie_Nous%20nous%20sommes%20tromp%E9s%20de%20bombardement.pdf
http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19920406
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